1.1 Localisation
Hem-lenglet se situe au Nord-Ouest du Cambrésis (carte 1). Au nord du village, au-delà de la Sensée commence l'Ostrevent. A l'Ouest se trouvent les collines de l'Artois et les plateaux de Picardie.
La commune fait partie de la région agricole de l'Artois-Cambrésis, de l'arrondissement de Cambrai, du Canton de Cambrai Ouest. Elle se trouve à une dizaine de kilomètres de Cambrai.
Les communes riveraines sont Féchain, Fressies, Wasnes-au-bac, Paillencourt, Abancourt, Bantigny.
La superficie d'Hem-Lenglet est de 494 ha.
1.2 Infrastructures de communication
La commune est reliée aux villages voisins par des routes départementales secondaires : CD 402, 71.
Le canal de la Sensée traverse le nord du territoire.
La route nationale 43, reliant Cambrai à Douai est à 5 km d'Hem-Lenglet.
2. CADRE NATUREL
2.1 Relief et géologie
"Le Cambrésis est une vaste plaine dont le sous-sol est essentiellement de craie blanche presque partout recouverte de limons".
Cette présentation générale donnée par le Guide Géologique Régional (01) caractérise bien le relief et la géologie (fig. 1) d'Hem-Lenglet. L'altitude passe doucement de 50 m à 35 m. A l'église l'altitude est de 37,83 mètres, à la ferme du Marais on trouve 36,38 mètres.
"Le substrat est crayeux (craie blanche du Sénonien, ère secondaire), recouvert de limons. Ces derniers sont des formations quaternaires continentales ; ils sont dus à l'accumulation de fines poussières. Ils proviennent essentiellement de la région Rhin-Meuse où d'énormes quantités de matériaux ont été soumis à l'action des vents.
Au nord du village, les alluvions modernes se constituent en sables fins et en limons vaseux et tourbeux."
FIG. 1
La tourbe a été utilisée jusqu'au XIXème siècle, puis a été remplacée par le charbon. En 1905, "toutes ces vallées tourbeuses, avec leurs forêts de peupliers, leurs fourrés de joncs et de roseaux, leurs clairières d'eau dormante, leurs solitudes brumeuses, leur chétives cabanes et leurs pauvres habitants laissent au voyageur l'impression de quelque coin de la nature primitive, oublié là par l'homme au milieu de son domaine et de ses oeuvres" (02).
La craie a été exploitée dans une carrière située à l'ouest d'Hem-Lenglet. Elle avait diverses utilisations : fabrication de la chaux, utilisation dans les sucreries pour fournir le gaz carbonique nécessaire à l'épuration des jus sucrés, amendement des terres limoneuses.
2.2 Hydrographie
2.2.1 La Sensée
La rivière de la Sensée, au nord du village, prend sa source à Rémy-Haulcourt, à l'altitude 47.00 (NGF), dans le Pas-de-Calais et se jette dans l'Escaut à Bouchain. La Sensée forme une frontière entre Hem-Lenglet et Féchain. Elle est mitoyenne entre l'arrondissement de Douai, de Valenciennes et de Cambrai.
A l'époque de Jules César,57 avant J.C, il y avait un gué à l'emplacement actuel du petit pont de la Sensée. Un chemin reliait Cambrai à Tournai : c'est la voie romaine que l'on peut voir sur la carte aérienne (photo 1), cette voie fut mise à jour lors de la construction de l'usine "la Salviam" et lors de la mise en place du pont, elle est actuellement remplacée par la D 402 entre le grand pont (canal de la Sensée) et le petit pont (rivière dela Sensée).
(photo 1 :avant 1967)
2.2.2 Le Canal
Le 5 mars 1806, sous Napoléon 1er, le gouvernement impérial dans un but de prestige projette l'exécution d'un canal de la "Censée", destiné à unir l'Escaut à la Scarpe (06). Il fut donc creusé après cette date, peut être par des prisonniers anglais. Les bateaux étaient halés par des hommes ; puis par des chevaux, jusqu'en 1914, qui appartenaient aux bateliers, c'étaient des berrichons, ils dormaient dans les bateaux . Après la guerre les tracteurs ont remplacé les chevaux.
Il fut élargi en 1968 pour être au grand gabarit. Cet élargissement a exigé l'expropriation de certains terrains et habitations. Dans les années qui ont suivi des bateaux de 1500 tonnes (équivalant à 5 péniches normales) ont transporté le minerai de Dunkerque à Denain.
2.2.3 Les Marais
Au Nord du Canal on trouve :
- Les Grands Clairs, 24 hectares, que la commune loue à des particuliers. "Les habitants ont donné le nom de clairs aux marais dont le fond est fait de craie apparente" (03). C'est le seul marais existant en 1825 (plan cadastral de 1825).
- Le marais Billoir appartient à des particuliers. Billoir est le nom d'une famille d'Hem-Lenglet. Cette famille a possédé la ferme qui se trouvait autrefois derrière l'église (photo 2, fig 2). A cet endroit a été creusé le canal. Ce domaine aurait appartenu à l'abbaye Saint-Aubert. La famille Billoir possédait un grand terroir, dont ce marais, qui porte toujours son nom ; il a été morcelé et cédé à différentes personnes, originaires ou non d'Hem-Lenglet.
Il est intéressant de signaler qu'en 1825, sur le plan cadastral, le marais était découpé en parcelles, il n'y avait pas d'eau et l'on trouvait quatre habitations. Ce marais a donc été créé après 1825 en extrayant la tourbe.
--> profondeur estimée de 2,40 m en 1979 (source SRAE)
--> 78.000 m2
--> 187.000 m3
--> débit moyen de 0,020 (1978-1987)
(photo 2 : La ferme Billoir avant 1918)
FIG.2 : La ferme Billoir (n°102)
- Le marais aux Vaches était autrefois un pré communal, chacun y menait paître son bétail. Il se trouvait entre le marais Billoir et le pont de la CD 402. Aujourd'hui il est occupé par de nombreuses parcelles avec bungalows.
- La fontaine Jules César est une source qui se trouve dans un petit étang. Elle alimente les marais et la Sensée. Elle est à + 34,26 m à l'est d'Hem-Lenglet, sa température est de 10°.
"Elle donne à l'heure 198m3 à l'étiage,266m3 en eaux ordinaires et 334 m3 en période de grandes eaux." (03)
La Fontaine Jules César est ainsi appelée parce que, selon une légende, lors de la conquête de la Gaule, 57 avant J.C, le conquérant passa par là. Comme son cheval avait soif, il se mit à piaffer, et frappant le sol de son sabot, fit jaillir une source où il put s'abreuver. On dit également que cette source a la forme d'un fer à cheval. Autour, on trouve les marais de la Fontaine Jules César qui existaient sur le plan cadastral de 1825, mais sans eau.
Entre les marais de la Fontaine Jules César et les marais Billoir se situent les "Pintes-de-la-Nation", ainsi appelées parce qu'une pinte de ces marais était donnée aux indigents qui pouvaient ainsi trier la tourbe. Une pinte équivalait à 2 ares. En 1825, là aussi le nom apparaît mais il n'y a pas d'eau. On remarque sur le plan cadastral une habitation.
- Le marais du bois de Bray se trouve au nord du canal, on y accède par la voie du pont Baudet. Autrefois c'était le bois de Brien (carte du diocèse de Cambrai 1779).
Jadis, le village d'Hem-Lenglet était constitué de toute une étendue d'eau qui a été comblée. Le village s'est ensuite creusé. Cela expliquerait la fertilité des terres, c'est de ce côté que se trouvent les Pâturettes : les petits prés.
La plupart des parties de ces marais ont été creusées lorsque la tourbe a été extraite, après 1825. Hem-Lenglet était donc un village riche de tourbe. C'est ensuite que ces terres tourbeuses sont devenues des marais; mais il y avait déjà des marais tourbeux. En effet le terme "Sensée" qui serait d'origine celte, viendrait de "See-see" (=marais-marais) pour désigner une rivière très marécageuse.
2.2.4 Les mares et fossés
Des fossés existent encore sur le terroir d'Hem-Lenglet, parmi ceux-ci, citons, à l'entrée du marais de Paillencourt, le petit fossé qui traverse le chemin. Sur celui-ci est posé une planche dont la largeur permettait le passage d'un âne : "Baudet" d'où l'origine du nom : le chemin du pont Baudet.
Dans le domaine vendu à Mr Tribou (la ferme du Marais), il y avait autrefois, en 1839, six mares d'eau.
2.2.5 Les puits
La nappe aquifère la plus importante est la nappe de la craie (Sénonien et Turonien supérieur). Son sens d'écoulement est du Sud-Ouest vers le Nord-est.
En 1924, il y avait 31 puits à Hem-Lenglet, de 4 à 6 m de profondeur. A cette époque, l'eau était parfaitement potable. Toutefois la nappe aquifère était peu protégée du fait de sa faible profondeur (03). Un forage, dans la ferme de Mr Caude, s'enfonçait dans le réseau jusque + 28 ; deux autres forages, dans les fermes Decarpigny et Tribou, allaient chercher plus bas à + 12 une eau captive, ascendante jusque +22.
Les puits traversaient le limon puis la craie blanche sénonienne. Le réseau aquifère est peu protégé contre les infiltrations des eaux de surface. Ce réseau affleure, au nord, dans les marais. On apercevait, en de nombreux points, sous l'eau, la craie. Louis Dolle (03) explique que l'eau n'est pas recouverte de tourbe, en ces endroits, et que sa surface est d'un blanc pur. "Les habitants ont d'ailleurs donné le nom de clairs aux marais dont le fond est fait de craie apparente".
En 1960, l'eau de ces puits était de bonne qualité. Qu'en est-il, aujourd'hui, de la qualité de la nappe souterraine ? Existe t-il encore de nombreux puits ? Il semble que certains personnes possèdent des forages.
2.2.6 L'adduction d'eau
L'adduction d'eau date du début décembre 1966 et a touché 160 foyers.(Voix Du Nord du jeudi 13 octobre 1966). Trois bouches d'incendie furent installées.
Les eaux usées sont traitées depuis 1980 à la station d'épuration de Féchain (sauf pour une dizaine de logements situés à l'ouest de la commune).
2.3 Climatologie
2.3.1 Précipitations
La pluviosité est importante sur les collines d'Artois : 800 à 1000 mm d'eau par an. La zone située à l'est de ces collines semble abritée et ne reçoit qu'une partie des précipitations. Hem-Lenglet est dans cette zone, il y tombe moins de 640 mm d'eau par an. (04)
L'hiver 1965 et 1966 a provoqué des inondations :
Les pluies abondantes d'Octobre 1966 ont provoqué d'importantes inondations à Hem-Lenglet. Des hectares de prés et de terres ont été sous les eaux durant cette période ce qui a provoqué une réunion des maires des communes sinistrées : Bouchain, Wasnes-au-Bac, Hem-Lenglet, Wavrechain-sous-Faulx, Paillencourt.
Au village, la maison de Mr Dijon a été envahie par le débordement d'un fossé, comme en 1965.(V.d.N du jeudi 27 Octobre 1966)
Des travaux ont été entrepris par les ponts et chaussées avec pour conséquence une nette amélioration. Ces derniers attribuent, dans un rapport (fig.3), les causes à deux phénomènes : la pluviométrie et la remontée des nappes ( peu profondes à Hem-Lenglet ).
FIG.3
L'automne est la saison la plus pluvieuse mais elle est talonnée par l'été. L'hiver relégué à la troisième ou quatrième place indique une certaine influence continentale au régime saisonnier varié.
Durant la période entre 1961 et 1966 il y eut en moyenne 19,8 jours de neige par an (station Météo d'Epinoy).
2.3.2 Températures
L'alternance des masses d'air maritimes et continentales dont bénéficie le territoire d'Hem-Lenglet ne permet pas aux grands froids et aux grandes chaleurs de durer. Les températures sont modérées et instables (fig.4 et fig.5)
Températures sous abri: moyenne des moyennes quotidiennes - EPINOY
FIG.4
FIG.5
3.2.1 La préhistoire, les mégalithes
Aucune découverte de vestiges préhistoriques n'a été faite sur le territoire d'Hem-Lenglet. Néanmoins on est enclin à croire qu'une peuplade existait déjà à la période néolithique (6000 à 2500 ans avant J.C) car de nombreux mégalithes ont été trouvés dans les communes voisines de la vallée de la Sensée.
Certaines découvertes de la préhistoire sont exposées au Musée de Douai, (annexe de la Chartreuse, secteur archéologique ), ils prouvent que les hommes se seraient installés dans cette région. Il nous en reste les plus anciens monuments du Nord : les mégalithes.(fig.8)
Citons les plus connus : le polissoir de Féchain, le menhir d'Aubigny-au-Bac nommé "La pierre qui pousse", le menhir du "Gros caillou du Vieux marais" à Oisy-le-Verger, le menhir de Lécluse "La pierre du Diable", et le célèbre dolmen d'Hamel "la Pierre Chavatte".
"Jadis le fond de la vallée de la Sensée était très boisé et giboyeux. Il réunissait tous les critères favorables à l'implantation et au développement de nombreux groupes humains dans les temps très lointains.
Les hommes préhistoriques qui vivaient dans cette vallée trouvèrent ce qui leur fallait pour vivre :
- l'eau
- le bois pour construire les cabanes
- les poissons
- les animaux sauvages (chassés pour la viande, les peaux et les os)
- une terre généreuse pour les premiers balbutiements de l'agriculture
- du silex, pierre qu'ils tailleront pour faire des outils" (10)
C'est à l'âge de Bronze (vers 2000 à 700 ans avant J.C) que les habitants peuplant la vallée de la Sensée érigent des mégalithes.
Les archéologues affirment que chaque village de la vallée en possédait sur son territoire. Ces "pierres aux légendes" jalonnaient donc la vallée de la Sensée. Beaucoup d'entre-elles ont disparu. Rappelons que l'église a vivement combattu les coutumes païennes qui étaient attachées à ces lieux et a décidé d'abattre ou d'enterrer ces pierres.
Mr Dufour,(10), dans sa publication du 21 janvier 1992 intitulée "Féchain 6000 ans d'histoire", nous donne les renseignements suivants :
"A la fin de l'âge du Bronze, des envahisseurs à cheval, les Cimbres d'origine scythique, venus du Pont-Euxin (embouchure du Danube, mer noire) chassent les derniers habitants protohistoriques grâce à leurs armes en fer : ce sont les Celtes.
Ces peuples de caractère belliqueux s'installent dans notre région, dans notre pays qui va prendre pour nom: La Gaule.
Une nouvelle civilisation va naître, la civilisation gauloise. C'est la période de l'Age du fer."
FIG.8 : Les mégalithes de la vallée de la Sensée