Etymologies et armoiries
La 1 ère mention de Hem - Lenglet daterait de 640 :
640 : Ham : titre de l'église de Cambrai.
1106: Hames : titre de l'abbaye d'Arrouaise
1307: ham : titre de l'abbaye d'Honnecourt
Un diplôme du roi Dagobert, de 640, donne à l'église de St Pierre de Cambrai, Le village et ses dépendances :"villa Hama cum appenditiis".
"Ham" ou "ham" serait un nom germanique appellatif d'habitation.
Le surnom d'Hem-Lenglet aurait été ajouté postérieurement, à la suite de la réunion de deux localités. Dans les annales du Cambrésis, il est fait mention des seigneurs de l'Anglée. le Chevalier Eustache L'Anglée assista en 1096 au tournoi d'Anchin. "L'Anglée" viendrait d'angulosus locus et désignerait un lieu à angles, resserré, étroit.
En 1030 l'autel d'Hem-Lenglet est confirmé, de même que la propriété de l'oratoire de St André du Câteau.
Ham était donc situé près de la rivière appelée la Sensée. Puis le "a" s'est transformé en "e". Or les "Hems" représentaient des villages lors de l'époque des Francs.
Ces Francs sont venus dans le Cambrésis (Mme Dumoulin le note dans son livre "Chez nous en Cambrésis"). Ils ont suivi les rives des rivières et se sont installés à Féchain, Hordain, Bouchain.... villages voisins d'Hem-Lenglet. Seraient-ils passés par Hem-Lenglet ? L'appellation du village en 1161 puis 1518 tendrait à opter pour cette solution. Mais rien ne le prouve.
Lenglet se situait sur le coteau (direction de Bantigny : le Haut de Lenglet). Il confirmait le domaine de la ferme du Marais.
On trouve en consultant les archives d'autres faits :
En 1161 l'évêque Nicolas confirma un accord au sujet de la pêcherie, entre l'abbaye St-Aubert et le chapitre St Géry de Cambrai. Cet acte mentionne Gaubert, chevalier et maire d'Hem. La seigneurie appartint jusqu'à la révolution au chapitre St Géry.
Au XIIième siècle une partie de Féchain appartenait à Hem.
En l'an 1280 la pêcherie d'Hem-Lenglet est vendue par Mathieu, seigneur de Marque, à l'Abbaye de St Aubert. Le prévost de St Géry, Pierre de Neuvireuil, vend un domaine à l'Abbaye St Aubert. Ce domaine se serait nommé La Cense et aurait été situé à l'emplacement du vieux pont, alors qu'il n'y avait pas de canal. Mais là encore il n'y a pas de certitude. Ce domaine, La Cense, aurait été en bail à Claude Voisin, dit le Capitaine Lamour.
En 1518 le village s'appelait Hem-En-Langhelee émergeant du mot germanique : ham, terre ou prairie le long d'une rivière.
En 1596 Diégo Delcamp, nommé abbé de St Aubert par le pape Clément VIII, en opposition au vote des religieuses, vient prendre possession à l'autel d'Hem-En-Langhelee, n'ayant osé le faire dans l'Abbaye même (selon le manuscrit de la bibliothèque municipale de Cambrai).
En 1789 la seigneurie appartenait au chapître St Géry.
"villa de Ham" en 1030, Ham-en-L'anglet en 1672, Ham-en-Langlée, Hem-Lenglée, Hem-L'Engle, Enlangle. "Ham" viendrait du patois local (rouchis) et désignerait un hameau, un village au milieu des champs. "Anglée" désignerait une portion de terre, un lieu à angles, un lieu terminé en pointe. En effet, "la Sensée décrit beaucoup d'angles", commente l'Abbé Boniface.
Gysseling en 1960 propose une autre étymologie pour hem : la racine serait germanique et désignerait une langue de terre à l'intérieur d'une zone marécageuse.
Quant à Lenglet, le dictionnaire étymologique Larousse renvoie à "L'Anglais" sans autre précision.
La mairie dispose de registres paroissiaux qui datent de 1614, sous le règne de Louis XIII le Juste. En feuilletant ces registres, on rencontre différentes désignations du village d'Hem-lenglet. Aucune histoire n'accompagne ces diverses appellations.
Les Armoiries d'Hem-Lenglet sont celles de "la famille de Wingles qui tenait la mairie héréditaire du village, possession du chapitre de St Géry de Cambrai". Elles sont d'azur à un écusson d'argent en abîme, et un bâton engrêlé de gueules brochant en bande sur le tout.
abîme = centre, coeur de l'écu
bâton = bande, barre
engrêlé = bordé de petites dentelures dont les côtés s'arrondissent légèrement
brochant = passant sur
bande = diagonale
Les habitants : les Hémilengletois (se)
Le XVIIième siècle
Le Cambrésis fut placé sous la souveraineté de l'empire appelé "le Saint Empire Romain Germanique" jusqu'en 1677.
On expédia, dans le plat pays, aux XVe et XVIe siècles, des centaines de sorcières en enfer. Sur 475 cas de sorcellerie examinés par ses soins, le défunt abbé P. Villette devait relever: 221 sentences inconnues, 27 acquittements, 59 bannissements, 4 condamnations à des peines d'emprisonnement au bûcher.
Parmi les victimes des flammes inquisitoriales, nous pouvons citer les procès de sorcellerie à Hem-Lenglet :
- Procès du 11 novembre au 15 décembre 1623 d'Anne du Moutié femme de Nicolas Delattre habitant le bois de Bray. Elle fut exécutée.
- Procès du 15 novembre 1623 et du 1 mars 1624 de Jehanne Foveau veuve de Loys Dufour âgée de 45 ans. Torturée, elle n'avoua pas et fut bannie à perpétuité.
- Procès du 1 mars 1624 de Gilliette (Gilberte) Claquebert femme de Luc de Seins, 40 ans fille de Catherine Salmon. Elle fut torturée, étranglée et brûlée.
- Procès de mai 1645 de Charles Dupas et de sa femme.
En 1661, le Sieur Jérôme Billoir, ancêtre de la famille Tribou, quitte son petit bourg Trescault (près d'Hermies dans le Pas-de-Calais) pour venir s'installer à Hem-Lenglet. Il exploitera une ferme appartenant à la puissante Abbaye de Saint-Aubert (probablement la ferme Billoir qui se trouvait derrière léglise et ce jusquen 1918).
Le XVIIIième siècle
Un an après la prise de la Bastille, le 14 juillet 1790, la Fête de la Fédération célèbre l'unité française: le roi Louis XVI et des gardes nationaux venus de tout le pays prêtent serment de fidélité à la Nation, à la Loi, au Roi.
A Hem-Lenglet, le 1er février 1790, en exécution du décret de l'Assemblée nationale, eut lieu la Constitution de la première Municipalité dont voici un résumé :
La publication a été faite à l'issue des Vêpres et au prône de la messe paroissiale les dimanches 24 et 31 janvier 1790. Des affiches ont été mises aux lieux accoutumés
Le 1 février 1790 une réunion eut lieu dans l'église : le son de la cloche « a été donné ». Jean Baptiste Colmon a annoncé que l'objet de cette réunion était de procéder à la nomination des officiers qui formeront la nouvelle municipalité.
Les trois citoyens les plus âgés : Nicolas Foveau, Pierre-Louis Lamendin, Augustin Foveau furent nommés pour recueillir et dépouiller le scrutin des votes du président et secrétaire de l'assemblée :
- Jean-Baptiste Colmon fut nommé président de l'assemblée.
- Jean-Claude Coppin fut proclamé secrétaire.
Tous les deux ont prêté serment de maintenir la Constitution du Royaume, d'être fidèle à la Nation, à la "Loy", et au "Roy", et de choisir en leur âme et conscience les plus dignes de la confiance publique et de remplir avec zèle et courage les fonctions Civiles et politiques qui pourront leur être confiées. Le même serment fut prêté par tous les membres actifs de l'assemblée.
Trois scrutateurs furent ensuite élus : Etienne Foveau, Jean-Pierre Prouveur, Jean-Robert Foveau pour recueillir et dépouiller le vote du Maire.
Après ces différents scrutins le président a annoncé qu'il allait procéder à l'élection du Maire par scrutin individuel. Eloy Wiart ayant obtenu la moitié des suffrages plus 17 voix, fut proclamé Maire d'Hem-Lenglet.
Il y eut ensuite les élections des officiers municipaux : Etienne Foveau, Jean Dubus, Corneille Dailliez, Armand-Fidèle Colmon, Théophile Wiart et du Procureur de la Commune : Jean-Baptiste Colmon.
Enfin on procéda au vote des notables de la Commune : Pierre Benoit, Jean-Pierre Prouveur, Jean-Claude Coppin, François Vérez, François D'Aix, Pierre-Philippe Caude, Jean-Robert Foveau, Marc Foveau, Georges-Charles Foveau, Jean-Baptiste Wiart, Charles Delattre et Marc Taine.
En 1791 la France connaît sa première constitution qui consacre la séparation des pouvoirs mais laisse au Roi un contrôle sur l'Assemblée par l'exercice de son droit de veto. C'est une constitution censitaire, elle exclut la majeure partie de la population de la vie politique en violation de l'esprit de la Déclaration des Droits de l'Homme.
En abolissant les particularismes provinciaux, les réformes visent à unifier la loi et l'administration :
- Une administration uniforme : les Départements, subdivisés en districts, cantons, communes, servent de cadre à l'administration générale, armée, finances, justice, religion...
- Administrateurs et juges sont désormais élus dans le cadre du suffrage censitaire, et rétribués par l'état. On décide de rédiger un Code pénal, le même pour tous.
-Tous les anciens impôts sont abolis, remplacés par trois contributions directes acquittées par tous les Français en fonction de leurs possibilités : la contribution foncière (perçue sur les propriétés), mobilière (payée d'après le montant du loyer), la patente (due par les commerçants, industriels, professions libérales).
- Dans le domaine religieux, les prêtres sont aussi élus et rétribués par l'Etat qui s'est emparé des biens du clergé : des évêques et quelques prêtres refusent de prêter serment à cette Constitution civile du clergé, ce sont les réfractaires.
Le 2 février 1791, jour de la purification de la Sainte Vierge, le curé de la paroisse d'Hem-Lenglet: Charles-Joseph Fleury prête serment à l'issue de la messe et dans son église "de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui lui sont confiés, d'être fidèle à la nation, à la loi et au Roi, et de maintenir de tout son pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée Nationale et acceptée par le Roi, sans néanmoins entendre préjudicier au spirituel." Ce serment fut prêté en présence du Maire Théophille Wiart, des officiers municipaux, du procureur, du secrétaire-greffier Jean-Baptiste Leleu, des notables et autres fidèles de la paroisse.
Louis XVI, qui ne se résigne qu'en apparence à perdre son pouvoir de souverain absolu, s'enfuit secrètement de Paris avec sa famille ; il espère rejoindre, à Metz, des régiments fidèles et l'armée de l'Empereur, son beau-frère (juin 1791). Reconnu à Varennes, il est ramené à Paris, discrédité, entre les haies de gardes nationaux. Malgré cela, l'Assemblée, après avoir suspendu le Roi de ses fonctions, le rétablit finalement, pour permettre à la monarchie constitutionnelle de s'exercer.
Le 23 juin 1791 deux lettres, venant du Directoire du District de Cambrai, parviennent à la Municipalité d'Hem-Lenglet. On y apprend que le Roy, la Reine et la famille Royale ont pris la fuite. Le Maire, les officiers municipaux et le procureur de la république d'Hem-Lenglet ordonnent d'entonner la cloche, les lettres sont lues et l'on prie tous les citoyens de la commune de se tenir sur "leurs gardes" et de soutenir courageusement la Liberté conquise.
Les écoles en 1790 à Hem-Lenglet
En 1790, Hem-Lenglet est une des rares communes du Canton d'Abancourt à avoir 2 écoles.
L'une de ces écoles est tenue par le clercq. Il demande par mois pour "écoler":
- 3 patars pour les Petits
- 4 patars pour les "Ecrivains" et les "lisant"
L'autre école est tenue par Louis Grat-penche qui demande :
- 9 patars pour ceux qui écrivent et apprennent l'Arithmétique
- 8 patars pour ceux qui ne font qu'écrire
- 7 patars pour les "lisant"
- 6 patars pour les autres : grands et petits
Il est intéressant de noter qu'il n'y a pas de "fondation" pour l'instruction des enfants de la commune. La seule école fondée du Canton d'Abancourt est à Iwuy.
1 patar = 4 liards
1 liard = ancienne monnaie de cuivre
1 écu = 48 patars
1 florin = 20 patars
En 1807 1 patar = 0 franc 06173
Le XIXe siècle
Les faits marquants à Hem-Lenglet :
Le vingt-huitième jour du mois Messidor de l'an huit (en juillet 1801), Jean-Baptiste Leleu était le Maire provisoire de la commune, il était chargé de rédiger les actes destinés à constater les décès et les naissances.
Vers 1810 le canal de la Sensée fut creusé, il semblerait que des prisonniers anglais aient pris part à cette réalisation. A cette époque on remontait les terres à l'aide d'un panier porté sur le dos.
Un pont fut construit en face de la source Jules César, il permettait aux habitants du marais Billoir et des Pintes de la Nation de rejoindre le village.
En 1825 la carrière située vers Fressies n'existait pas (plan cadastral de 1825), elle figure cependant sur le plan cadastral de 1891 (en mairie).
Les Marais Billoir, les Pintes de la Nation, les marais de la Fontaine Jules César ne figurent pas sur le plan de 1825 comme étant des étendues d'eaux. Il n'y a uniquement que les Grands Clairs qui sont représentés ainsi que la Fontaine Jules César. En 1891 tous les marais d'aujourd'hui existaient. Ils se sont donc formés, entre ces deux dates, en extrayant la tourbe.
Sur le plan cadastral de 1825 figurent également deux moulins à vent, en 1891 il n'en reste qu'un au lieu-dit "champ du grand terroir"(ZA plan cadastral) le long de la D 402, à l'entrée du chemin du Moulin.
Des épidémies de choléra ont frappé la localité voisine de Wasnes-au-Bac en 1831, 1832, 1833 et 1849 . Vu la baisse importante de la population d'Hem-Lenglet durant cette période, on peut envisager que le choléra est une des raisons de la chute démographique relevée sur la courbe de la population.
Le 18 Septembre 1839, la ferme du Cabaret (notée ferme du Marais sur le plan cadastral de 1825), appartenant au comte Baudoin dAlsace, est mise en vente . Elle fut achetée par la famille Tribou.
En 1854 une épidémie de Typhoïde a ravagé l'Ostrevent et a sans doute touché le village d'Hem-Lenglet.
Pierre-Joseph-Emmanuel Delcroix, Maire célibataire d'Hem-Lenglet, fermier et brasseur, décédé le 10 décembre 1885, a fondé le couvent qui se trouvait dans le "sentier du stade" anciennement "rue du couvent". Peu de temps après sa mort, les religieuses sont parties.
Le XXe siècle
Au début de ce siècle, Hem-Lenglet avait pour Maire Monsieur Auguste Billoir et pour garde champêtre Monsieur Benoit Séverin.
Le nouveau cimetière fut créé en 1902 dans la rue des Pâturettes. Lors de son inauguration, un cortège avec chevaux fut organisé. La première personne enterrée fut Melle Massin. L'ancien, construit en 1794 autour de l'église, fut en partie détruit en 1907 par la foudre.
En 1908 les anciens élèves d'Hem-Lenglet se réunirent pour lancer la fanfare dont le seul survivant à ce jour demeure Monsieur Léon Décarpigny (drapeau de la musique en 1908). La bicyclette faisant son apparition, les ouvriers l'utilisèrent pour aller à la verrerie d'Aniche et à Usinor.
Depuis 1905 les salariés jouissaient du repos hebdomadaire, mais ils travaillaient encore 10 heures par jour et devenus vieux, ne touchaient qu'une très maigre retraite (à partir de 1911).
Peu à peu les salaires augmentèrent, les fermiers écoulèrent facilement leurs produits. Les habitants consommèrent plus de viande, de lait, de sucre, de vêtements, de chaussures de cuir.
Mais le logement ne s'améliora guère en ce début de siècle. Bien des maisons avaient encore des sols de terre battue.
Cependant les gens vivaient mieux et épargnaient. Ils croyaient que l'argent mis de côté leur serait rendu, grossi de ses intérêts car le franc avait depuis cent ans, gardé sa valeur ; la monnaie d'or circulait. En 1914 un monde nouveau s'annonçait.
En 1914, l'Allemagne était puissante et peuplée. Son industrie lui permettait d'équiper une très forte armée. Sa marine de guerre égalait presque celle de l'Angleterre. Avec son alliée, l'Autriche-Hongrie, elle dominait l'Europe centrale.
La France, l'Angleterre et la Russie avaient signé des accords et formèrent la "Triple entente".
Chaque Nation augmenta ses armements et, pendant des années, la guerre menaça . L'assassinat du prince autrichien en fut le détonateur. L'Allemagne déclara successivement la guerre à la Russie, puis à la France.
Tout le monde s'attendait à une guerre courte, or elle dura plus de 4 ans, six millions d'hommes furent engagés dès le début pour en compter près de vingt millions à la fin ; elle impliqua 16 nations.
Des armées levées sur tous les continents vinrent combattre en Europe. Canadiens, Américains, contingents d'Afrique du Nord et d'Afrique Noire, Hindous,, Indochinois, Malgaches, Australiens, et Néo-Zélandais traversèrent les océans pour apporter aux Alliés une aide qui décida de la victoire.
A Hem-Lenglet les Anglais et les Australiens combattirent courageusement, ceux qui sont tombés pour notre liberté reposent au cimetière du village.
De nombreux soldats natifs du village furent tués, leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts : Carré Pierre-Joseph, Cattiaux Philippe, Cornil Charles, Denoyelle Edouard, Dubois Jean-Baptiste, Dumont Louis, Dupont Albert, Dupont Joseph, Foveau Emile, Honoré Georges, Leleu Alfred, Ménissez Joseph, Merlin Pierre, Merlin Joseph.
EXTRAIT D'UN JOURNAL D'EVACUATION 1918
Une habitante d'Hem-Lenglet
"C'était le 26 septembre 1918 la journée avait été très calme, sauf quelques (chrapnels..) dirigés contre le ballon observateur posté au calvaire du village et des combats d'aéroplanes.
La nuit pas un coup de canon. Contraire à l'habitude nous nous étions couchés plus tôt, n'ayant aperçu aucun avion. Mais vers 5 heures du matin, nous fûmes réveillés en sursaut par le bruit du canon, ce ne fut plus alors qu'un roulement continu, nous nous levâmes à la hâte et fûmes assez surpris de voir tous ces soldats prêts à partir : mais le canon grondait toujours de plus en plus près. Comme nous étions les derniers civils à l'arrière du front, tous les autres villages étant déjà évacués, nous songeâmes à finir nos paquets prêts depuis longtemps. Vers 7 heures du matin arriva le premier obus qui vint éclater près du cimetière et jeta la terreur à tous : soldats et civils. Bientôt il fût suivi par d'autres qui éclatèrent autour du pont et dans les champs aux alentours sans causer de dégâts, mais vers 11 heures, ils commencèrent à tomber dans le village et tuèrent deux soldats qui furent hachés. Vers 3 heures de l'après midi il en tomba un sur la place à 15 m de chez nous qui tua plusieurs soldats et des chevaux. Tous les carreaux des fenêtres tombèrent mais chez nous il n'y eut absolument rien. Nous avons passé presque toute la journée dans la cave, vers 6 heures du soir le garde a sonné le départ sur Paillencourt et Bouchain ( sans voitures et sans ordres). Nous avons chargé nos bagages sur notre poussette...."